Portrait. Rémy Desmonts possède son propre atelier de charpenterie à Perriers-la-Campagne. Sa particularité : travailler le bois selon les techniques du Moyen Âge.
Remy Desmonts est un personnage atypique. Ce charpentier qui œuvre sur le plateau du Neubourg a démarré à 16 ans sur des chantiers de menuiserie. Talentueux, il a exercé son art en région parisienne puis en dehors de nos frontières, notamment dans le Moyen-Orient pendant cinq ans. Mais Rémy Desmonts est un créatif et la menuiserie qui évolue vers l’industrialisation ne lui convient plus. Il s’oriente alors vers la charpente, qui autorise encore le travail entièrement manuel, et crée son entreprise. Corollaire de son métier, le patrimoine historique est l’autre passion de Rémy Desmonts qui a rejoint le cercle fermé des artisans médiévistes. « Comprendre les méthodes de l’époque » Adhérent à l’association des Amis des monuments et sites de l’Eure, à la Fondation du patrimoine, il assure souvent des chantiers historiques tout en partageant cette passion avec ses interlocuteurs. « Je peux intervenir en ne changeant que l’essentiel mais cela demande de comprendre les méthodes de l’époque », affirme-t-il. Cela pourrait passer pour un jeu d’enfant mais la réalité de- mande beaucoup d’expérience et des connaissances approfondies. Et si la machine apporte un gain de temps essentiel de nos jours, son plaisir est bien le travail manuel. Il fait partie de ceux que l’on appelle « les médiévistes », en lien avec les techniques de cette époque. Nombre d’or et gestes d’une extrême précision rythment ce travail de restauration que Rémy Des- monts exerce aussi régulièrement dans des démonstrations ou des « chantiers sans frontières ». Lui et ses homologues se retrouvent également dans des colloques dédiés à ce sujet. « On y fait de très belles rencontres, très enrichissantes. D’ailleurs, des collègues anglais ou canadiens ont été accueillis chez moi très récemment », confie-t-il. Condition physique Ce travail manuel demande aussi une excellente condition physique et une bonne hygiène de vie, comme le ferait un sportif pour des compétitions. Il l’avoue lui-même : c’est un travail très prenant. « J’ai la chance de pouvoir compter sur une équipe qui partage les mêmes valeurs que moi mais surtout sur ma famille, qui accepte de me voir peu souvent », confie Rémy Desmonts. Entre l’entreprise, les chantiers et démonstrations et les colloques, il reste effectivement peu de place. Son fils Loïc, actuellement au collège, a hérité de cette même passion. « Ce métier fait appel à de larges connaissances, il faut un solide bagage pour réussir. Je l’incite donc à poursuivre ses études et ne pas aller trop vite dans la pratique », explique l’artisan eurois. Des paroles sages et bienveillantes de la part de celui qui a véritable- ment épousé ce métier dans sa partie noble.